Warren Buffet (@WarrenBuffett) (94) cederá el timón de su Berkshire Hathaway y se escudriña cómo prepara su sucesión.
Ha elegido a Greg Abel (63), lo ha presentado hace tiempo y lo apoyará continuando como consejero de la empresa.
Antelación y respaldo, ¿buen modo de preparar a un/a directiv@?
Referencia
Succession : la masterclass de Warren Buffett.
Les Echos (@LesEchos), François Vidal (@Vidal110).
https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/succession-la-masterclass-de-warren-buffett-2165272
https://x.com/AlphaBetaBlogFR/status/1922955752999702970
Warren Buffet, Johannes EISELE/AFP en Les Echos.
SUCCESSION : LA MASTERCLASS DE WARREN BUFFETT
Le pape de l’investissement lâchera les rênes de son holding en fin d’année. Une succession à hauts risques organisée de longue date et avec le plus grand soin. Décryptage d’une grande leçon de gouvernance par notre éditorialiste François Vidal.
Publié le 15 mai 2025 à 06:50. Mis à jour le 15 mai 2025 à 09:23.
Un coup de tonnerre ! La fin d’une époque ! L’annonce-surprise par Warren Buffett qu’il cédera les commandes de Berkshire Hathaway en fin d’année est un événement majeur dans l’histoire du capitalisme américain.
C’est aussi une ultime leçon donnée par celui qui n’aura eu de cesse de dispenser ses conseils tout au long de son parcours de légende. La plus difficile sans doute sur le plan personnel, tant le nom et la vie du pape de l’investissement sont indissociablement liés à la réussite hors norme de ce holding du Nebraska, entré l’été dernier dans le club très fermé des valeurs dont la capitalisation boursière dépasse les 1.000 milliards de dollars.
Un exemple à copier
Après six décennies de bons et loyaux services, on peut estimer à raison qu’il était plus que temps pour « l’oracle d’Omaha » de prendre sa retraite. A 94 ans, l’état civil ne laisse aucun doute sur ce point. Mais la maestria avec laquelle Warren Buffett aura préparé cette échéance mérite qu’on s’y arrête. Une masterclass en matière de transition managériale, dont de nombreux dirigeants d’entreprises, voire de pays, feraient bien de s’inspirer plutôt que de s’acharner à repousser l’échéance ou à décourager les dauphins putatifs.
Si l’une des icônes du capitalisme mondial est capable d’organiser une succession en douceur, pourquoi d’autres ne pourraient pas le faire ? Depuis l’annonce, le cours de Bourse du holding n’a que légèrement reculé, signe de la confiance maintenue des actionnaires.
Trois règles simples
Pour réussir ce tour de force, Warren Buffett a appliqué trois principes simples mais capitaux. Il s’est d’abord donné le temps de faire émerger un successeur à la légitimité incontestable. Entré par la petite porte dans la galaxie Berkshire en 1999, Greg Abel s’est progressivement rapproché du centre, pour finalement devenir le patron de l’investissement en 2018. A ce titre, il a contribué à la décision d’investir dans Apple, l’un des paris les plus rentables de l’histoire de la société. Et il aura joué un rôle clé dans l’injection de 14 milliards de dollars au capital de cinq maisons de commerce japonaises, une première.
Un temps en concurrence avec le patron du pôle Assurance, l’autre pilier du holding, son statut d’héritier a été rendu public en 2021. De quoi permettre à « Greg » d’endosser progressivement le costume de patron. Son style a enfin de quoi rassurer les fans de Buffett. Plus discret que son mentor, le futur boss qui vit depuis des décennies à Des Moines, à deux heures de route à peine d’Omaha, est comme « Warren » un grand amateur de rapports annuels... A 62 ans, il a donc le profil parfait pour faire fructifier l’héritage tout en perpétuant les valeurs maison.
Une maison bien rangée
D’autant qu’il ne sera pas seul. A compter du 1er janvier, Warren Buffett prendra la présidence du conseil de Berkshire. En termes de gouvernance, ce point n’est pas d’une orthodoxie absolue. On pourrait y voir la volonté de la star du capitalisme actionnarial de ne pas tout à fait quitter la scène ou pire, de maintenir une tutelle sur le nouveau management. Le risque existe effectivement, mais c’est aussi une forme de réassurance pour les actionnaires. Si le plus grand investisseur de l’histoire se contente d’un rôle de « consigliere » qui murmure à l’oreille de Greg Abel, personne ne s’en plaindra dans un métier où l’intuition et le timing sont clés.
Enfin, et c’est le troisième principe de cette masterclass, le futur CEO hérite d’une maison bien rangée. Alors que Donald Trump bouscule les fondamentaux de l’économie et que l’incertitude semble devenir la règle, Berkshire Hathaway est armé pour le gros temps. Profitant de l’euphorie des marchés financiers des années Biden, Warren Buffett a considérablement réduit la voilure ces dernières années. Résultat, Greg Abel dispose d’un portefeuille de participations performant et d’ un trésor de guerre de près de 350 milliards de dollars , auquel il faut ajouter les très liquides 60 milliards de dollars de titres Apple encore en portefeuille.
Alors tout cela ne préjuge évidemment pas de la capacité de Greg Abel à se hisser à la hauteur de son mentor. D’autant que la barre est très haute. Depuis 60 ans, le titre Berkshire a progressé en moyenne au rythme annuel hallucinant de 20 % ! Mais le successeur de Warren Buffet est placé dans les meilleures conditions possibles.
A lui, désormais, d’imposer son style et de donner un nouvel élan à un holding dont le modèle, centré sur l’acquisition de participations dans des sociétés industrielles américaines décotées, a de toute façon besoin d’être renouvelé. La tâche s’annonce ardue, impossible même de l’avis de nombreux observateurs. Mais après tout, il existe un précédent. A la mort de Steve Jobs, qui aurait dit que Tim Cook multiplierait par huit la valeur d’Apple ?
François Vidal